John Irving – Une prière pour Owen [critique]
07/01/2021
Avec Une prière pour Owen, John Irving signe une fois de plus un ouvrage majeur. Subjuguant de maîtrise, le septième roman de l'auteur américain est tout bonnement impossible à lâcher et va à coup sûr vous coûter quelques nuits blanches.
Difficile de résumer ce livre en quelques phrases tant son canevas est complexe ; comme à son habitude, John Irving nous livre avec Une prière pour Owen une fresque somptueuse et dense. Dans son septième roman publié en 1989, John Irving nous narre, par le truchement de John Weelwright, le narrateur du récit, l'histoire d'Owen Meany, enfant chétif – à l'âge de onze ans, il en paraissait six à peine – que ses camarades de classe prennent plaisir à railler, jusqu'à ce que ce dernier ne devienne un adolescent étrange mais charismatique, à la fois respecté et craint – du fait d'une aura mystique qui s'est mise à émaner de lui. Dans le village profondément religieux où vit le jeune homme, cela ne laisse personne indifférent. Persuadé d'être l'instrument de Dieu, Owen Meany est bien décidé à réparer le tort qu'il a causé à John Weelwright, son seul et unique ami, et à mener à bien l'office divin qui lui a été assigné.
LE PRÊCHE DE JOHN IRVING
Dans son style bien à lui, John Irving nous offre une chronique improbable mais délicieusement et habilement construite, alternant le burlesque (la scène de la reconstitution de la nativité est un chef-d'œuvre de drôlerie) et le tragique pour notre plus grand plaisir. La trame de son récit est riche, ses personnages fouillés, et le dénouement est mené d'une main de maître. L'auteur n'oublie pas d'égratigner au passage la société américaine, dénonçant la sournoiserie du gouvernement de son pays dans le traitement de la guerre du Vietnam, ainsi que la bigoterie. Ce pavé de près de 700 pages (dans sa version poche) est un pur régal – un délice littéraire ineffable.
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À Propos de l'auteur
John Irving est né en 1942 et a grandi à Exeter (New Hampshire). Avant de devenir écrivain, il songe à une carrière de lutteur professionnel. À vingt ans, il fait un séjour à Vienne. Puis, de retour en Amérique, il travaille sous la houlette de Kurt Vonnegut Jr à l'atelier d'écriture de l'Iowa. Premier roman en 1968 : Liberté pour les ours !, suivi de L'épopée du buveur d'eau. La parution du Monde selon Garp est un événement. Avec L'Hôtel New Hampshire, L'Œuvre de Dieu, la part du diable, Une prière pour Owen, Un enfant de la balle, Une veuve de papier et Je te retrouverai, l'auteur accumule les succès auprès du public et de la critique.