John Kennedy Toole - La Conjuration des imbéciles [critique]
25/3/2020
Il est des livres qui ont une histoire particulière ; La Conjuration des imbéciles est de ceux-ci. Récipiendiaire du prestigieux prix Pulitzer de la fiction en 1981, le roman à pourtant été écrit à la fin des années 60. Que s'est-il passé entre temps ? Déprimé de ne pas trouver d'éditeur pour son ouvrage qu'il considère personnellement comme un chef-d'œuvre, John Kennedy Toole se suicide en 1969. Sa mère poursuit alors les efforts de son fils et parvient finalement a faire éditer le roman en 1980. Énorme succès dès sa parution, l'auteur suicidé obtiendra donc le prix Pulitzer de la fiction à titre posthume en 1981. Cela serait presque une belle histoire si John Kennedy Toole n'avait pas connu un destin si tragique...
Le héros de La Conjuration des imbéciles est un gros dingue d'une trentaine d'années qui porte casquette et pantalon de tweed, et répond au doux nom d'Ignatius Reilly. Ce fou (pas si fou que ça d'ailleurs...) vit avec sa mère, qui abuse du Moscatel, dans une vieille masure de La Nouvelle-Orléans. Ignatius a des idées, plein d'idées, pour racheter le genre humain en voie de perdition dans la société déliquescente des années 60. Il noircit des cahiers d'une prose quasi moyenâgeuse. S'essaie à plusieurs métiers, dont celui d'archiviste dans une fabrique de pantalons et de vendeur de hot-dogs dans les rues les plus pourries du quartier français. Forcément, rien ne marche, Ignatius vit dans des nimbes philosophiques incompatibles avec la réalité… (Quatrième de couverture.)
OBÉSITÉ ET HILARITÉ MORBIDES
Quel roman ! Comment est-il possible d'avoir conduit un auteur au suicide en refusant un manuscrit si bon ? C'est tout bonnement incompréhensible ! D'ailleurs, le succès qui a conduit La Conjuration des imbéciles jusqu'au prix Pullitzer de la fiction est une preuve à charge contre les éditeurs ayant éconduit John Kennedy Tool.
D'une drôlerie sans nom, La Conjuration des imbéciles est un roman savoureux qui se lit avec délectation, si désopilant que les pages défilent sans s'en rendre compte et que la fin arrive sans même avoir le temps de dire ouf – le pavé est loin d'être indigeste ! John Kennedy Toole entremêle à merveille langage des rues et langage soutenu pour former un récit haut en couleur traversé par un personnage principal exécrable, mais pourtant pilier de l'intrigue.
La Conjuration des imbéciles est un roman qui fait du bien !