Pierre Lemaitre – Miroir de nos peines [critique]
5/1/2020
Avec Miroir de nos peines – peut-être le roman le plus attendu de ce début d'année –, Pierre Lemaitre clôt sa trilogie de l'entre-deux guerres débutée avec Au revoir là-haut en 2013, un roman qui a obtenu le prix Goncourt la même année. Si ce dernier et Couleurs de l'incendie, le deuxième volume paru en 2018, étaient somptueux, il faut bien avouer que Miroir de nos peines, tout en étant un honnête roman, peine, justement, à soutenir la comparaison avec les deux premiers chapitres. La faute à une histoire beaucoup moins passionnante et à une écriture plus aussi hypnotique.
Avril 1940. La Seconde Guerre mondiale a éclatée depuis sept mois mais les troupes allemandes n'ont pas encore franchi les frontières françaises. Pas encore... Louise, trente ans, vit paisiblement à Paris. Rattrapée par un secret de famille, elle va devoir, en quête de son passé, quitter Paris au rythme de l'exode des peuples de nord fuyant l'armée d'Hitler.
UNE CONCLUSION QUI SOUFFRE LA COMPARAISON
Fort de deux premiers chapitres passionnants, d'une somptueuse adaptation cinématographique de Au revoir là-haut par Albert Dupontel, et en attendant fébrilement celle de Couleurs de l'incendie que va tourner l'acteur/réalisateur Clovis Cornillac au troisième trimestre de cette année, Pierre Lemaitre nous livre en ce début d'année 2020 Miroir de nos peines, le troisième volume de sa trilogie de l'entre-deux guerres. Deux ans que j'attendais ce roman ! Et comme malheureusement souvent dans pareil cas, la déception s'est avérée aussi forte que l'attente...
Soyons clair : Miroir de nos peines n'est pas un mauvais livre, loin de là. Seulement, après deux romans qui tutoyaient le sublime, se retrouver avec juste un honnête livre entre les mains est frustrant. Frustrant car je n'ai pas retrouvé la plume de Pierre Lemaitre qui me faisait me sentir dans le giron d'un classique du XIXe siècle. Frustrant car l'intrigue de ce roman n'est pas aussi passionnante que les exaltants destins de Madeleine Péricourt et de son frère.
Les histoires croisées qui se rejoignent dans les derniers chapitres m'ont fait l'impression d'un motif éculé, que tout était écris d'avance ; aucune tension, aucun suspense et des personnages, sinon creux, à tout le moins quelconques. Reste à Pierre Lemaitre un talent certain pour tourner le tout de manière à tenir le lecteur.